nom masc.
date ALOÈS-2
FEW XXIV 345b: aloé Dans cette acception, l'aloès est le suc épaissi provenant des feuilles de plusieurs espèces d'aloès de la famille des Liliacées. On distingue l'aloès socotrin ou cicotrin, le plus pur, provenant de l'île de Socotora et plus généralement des côtes d'Arabie ou d'Afrique de l'Est, l'aloès hépatique en raison de sa couleur foncée, l'aloès caballin, de mauvaise qualité et réservé à l'usage Aloen. Raschi, Talmud, fin XIe s. Et met sus la plaie la rouge poudre qui est faite d’estronz d’asne [. . .] soit esprains li estrons parmi .i. drap et le met sus. A ce meismes pren .ii. onces d’estrons,d’aloes.i. once, d’abun d’oes et peuls de lievre, si le confis en tel manere […] Anon. [Roger de Salerne], Chirurgie 1, Sloane 3525, XIIIe s., fol. 25va. Et ki au commencement de la mortalité, si com dist Rasis, prendera .ii. parties d'aloeset .i. partie de safran oriental et de mirre, et en prendera cascun jor a jeun avoec le vin tempré ou pois de .xii. carubles, il trespassera la mortalité sans mal avoir. Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 1256, 61. La poldre d'aloen. Anon. [Matthaeus Platearius], Livre des simples medecines, 2nde moitié du XIIIe s., p. 9. un poi d'aloem. Anon. [Matthaeus Platearius], Livre des simples medecines, 2nde moitié du XIIIe s., p. 109. Les cilz sunt a la fie ruges et muliez. Dunc faites ceste mecine : pernez le jus de verbene et de fenoil et medlez od muel de un of et mulliez enz linge dra et metez al cucher sur les cilz, u pernez sarcocolle etaloenet triblez et passez par mi un drap et distemprez od leit de femme ; a la teie vaut. Anon., Ornement des Dames, ca 1285, XIIIe s., p. 52. A la cervelle fait bien boen air et cler, sens vent, sens fumee, sens nuee,aloee, time... Jofroy de Waterford, Secret des Secrets, Diet., ca 1300, p. 121, XLVI. De rechief trai le jus de plantain, de lancinee, de celidoine, d’aloisne, cuis .1. poi o miel escumé et destempre tout o pourre d’aloeet mierre et oing de çou la tante et le met jusques u fons, ce assouage la dolour et seche sovent le festre et quant li festres est amortis, poi de merde en ist et ce qui en ist est blanc et espes et gluiant, car tant com çou qui en ist est gaunes et .1. poi rous, li festres est vis, adonc i met tante tainte en ongnement fait de miel et d’alun et de plume et d’arrement et met .1. poi de lutargie, car il engenre bone char et runge la morte et oing la bouce du festre o ongnement fusc. Jehan de Prouville [abbé Poutrel], Chirurgie, ca 1300, fol. 40r. [A Cartein]e pilulae: recipe [...] aloé deus drachmas. Anon., Traité sur les fièvres, ca 1190, fol. 219v. Emplastre soit mondificatif de miel, de farine de fourment, de jus d'ache (qui se fait mout communement), et sera demoustré en l'antidotaire ; et i puet estre ajousté mirre, sarcocolle,aloüet leur semblable. Anon. [Henri de Mondeville], Chirurgie, 1314, chap. 1981, p. 159. Toutaloé, de sa nature, vault de tant mieulx comme il est moins amer et moins puant et combien que il soit amer, si est il moult proffitable, car il nettoie le fleume, la cole et la melancolie et conforte les ners, et vuide l'estomac des mauvaises humeurs qui lui nuisent ; et oste la doleur du chief et esclarcist la veue et si destoupe la rate et le foye, et fait venir les fleurs aux dames ; et si engendre bonne couleur et guerist d'idropisie, quant on en use au commancement du mal. [...] Jean Corbechon [Barthélemy l’Anglais], Proprietés de choses, 1372, XVII, 6, fol. 245r. Aloeest le jus ou le suc d’une herbe qui devient espez tant par bouillir sur el feu que par secheir au soleil. Olivier de la Haye, Poème sur la grande peste, 1426, p. 176. Le jus de cette herbe*, en tant qu'il est employé, après avoir été cuit puis séché, en décoction ou en poudre, pour ses nombreuses propriétés médicinales. aloès cabalin La tierce espece est appellee cabaline qui est noire et obscure et orde Jean Corbechon [Barthélemy l’Anglais], Proprietés de choses, 1372, fol. 245r. Une espèce* de ce jus, caractérisée par sa mauvaise odeur et son extrême amertume, propre à des usages médicinaux après avoir trempé dans du vinaigre et du safran. aloès cicotrin ALOé CICOTRIN L'adjectif qui sert à désigner cette variété d'aloès laisse penser qu'il est extrait d'une plante originaire de l'île de Socotora (FEW XIX 160b : suqutri). Derechief prenaloé cicotrinet mirre, pourre les et les confis o miel u o jus de plantain et les cuis tant que li jus soit degastés et oing de çou et met desus [le festre]. Jehan de Prouville [abbé Poutrel], Chirurgie, ca 1300, fol. 43r. Une espèce* de ce jus, en tant qu'elle est utilisée pour ses vertus médicinales, en particulier contre les festres et les plaies. aloès epatique ALOÜS EPATIQUE ALOÜS EUPATIQUE [contre la goutte rose] […] puis pren souffre et dealee epatic.1. poi mains, garde en une boiste ciere ou en .1. vaissiel de coivre. Jehan de Prouville [abbé Poutrel], Chirurgie, ca 1300, fol. 48v. […] soit prise la rachine de navet sau(va)ge (c'est le ciau nostre dame), et soit froissie ou trenchie jusques en son milieu ou la mouele soit frotee ou .1. instrument ou a l'ong(l)e, en raiant duc'a tant que il soit illuec aussi comme musillage, a la quele soit adjoustee et encorporee poudre de aloüs epatique, et ce soit mis o la taste a toute la contusion ou enbloisseure, et soit renouvelé ou jour par .4. fois ou par pluseurs ; dedens le .2. jour sera curee. Anon. [Henri de Mondeville], Chirurgie, 1314, chap. 1418, p. 32. Encenz blanc bien gomous .2. parties ; Aloüs eupatique .1. partie. Anon. [Henri de Mondeville], Chirurgie, 1314, chap. 692, p. 172. L'autre espece est appellee epatique pour ce qu'elle a couleur du foye, et si est noire et a pertuis en soy et est plus amere que la premiere. Jean Corbechon [Barthélemy l’Anglais], Proprietés de choses, 1372, XVII, 6, fol. 245r. Une espèce* de ce jus, caractérisée par sa couleur foncée, en tant qu'elle est utilisée dans le traitement de la goutte rose. ALEE ALOE ALOEE ALOEM ALOEN ALOÜ ALOÜS En français moderne, le terme "aloès" désigne d'une part la plante grasse exotique appartenant à la famille des liliacées (Liliaceae), dont on extrait un suc aux usages divers, et d'autre part, un arbre exotique du genre Aquilaria, ainsi que son bois aromatique (Aquilaria agallocha). Au Moyen Âge, les deux sens existaient déjà pour les différentes formes graphiques d'aloès. Néanmoins, Jean Corbechon distingue clairement l'arbre nommé "aloes" (Propriétés, XVII, 5) et la plante grasse nommée "aloe" (Propriétés, XVII, 6). Cette distinction était ainsi formulée chez Papias : "Aloe species aromatica amarissimi sucis haerba, resistens vermibus et putredini. Aleo in India gignitur et arabia arbor odoris suavissimi ac summi." (Papias,Vocabularium, Venise, 1496, p. 17 ; certains manuscrits opposent ainsi les formesaleoetaloeavec une distribution variable). D'après le corpus du dictionnaire, la formealoespour la plante est rare. Si les variantes graphiques sont nombreuses, les formes les plus courantes en ancien français semblent être "aloé" et "aloen". La formealoépour la plante grasse est attestée jusqu'au XVIIIe siècle. Elle est revenue en français en 1991 dans l'expression empruntée au latin botanique "aloé vera". (CRochelois) Aloéaussi est une herbe qui croist en Inde et en Perse et en pluseurs autres lieus. De ceste herbe on prant le jus et le cuist on ou feu et puis le met on sechier au souleil, sicomme dit le Plateare. Jean Corbechon [Barthélemy l’Anglais], Proprietés de choses, 1372, XVII, 6, fol. 245r. Aloenest fait du jus d'une herbe qui est ainsi appelleealoen[...]. Et sont trois manieres d'aloen: cicotrin, epatic et cabalin. Anon., Grant herbier (Secrets de Salerne), XVe s., p. 18. Herbe* orientale à feuilles grasses dont on extrait le jus.