nom masc.
date APPÉTIT
FEW XXV 35b : appetitus

L'appétit désigne plus en général l'inclinaison vers un objet en raison du manque de ce dernier. Voir par ex. Niccolo Falcucci, Sermones medicinales, V.2.1: "Appetitus equidem nihil aliud est nisi inclinatio rei appetentis in obiectum appettibile, unde dicitur appetitus quasi ab alio petitus [...] appetitus omnis summit initium a privatione tanquam a termino a quo".

Le moyen âge distingue l'appétit naturel (voir le deuxième sens dans la présente fiche), l'appétit sensitif et l'appétit rationnel ou volonté (au sens strict). De ces deux derniers types, les textes du corpus dépouillés à ce jour ne présentent pas d'attestation. L'appétit sensitif désigne l'appétit propre aux animaux, y compris l'homme, causé par la perception sensorielle d'un objet extérieur qui devient objet d'appétit; il est parfois encore subdivisé en appétit concupiscibl et et appétit irascible. L'appétit rationnel ou volonté désigne l'appétit propre à l'homme, dirigé par la raison ou influençable par celle-ci. Voir Niccolo Falcucci, Sermones medicinales, V.2.1; Pietro Torrigiano, Plusquamcommentum in Microtegni Galeni, Comm. XVII, « Hoc autem quod movetur est animal sive pars eius, est autem pars appetitus sive species ira et concupiscnetia, et est ira appetitus repellendi, concupiscentia vero amplectendi, voluntas quoque appetitus est cum ratione scilicet rationi subiectus ».

Enfin, il faut encore distinguer un dernier sens, celui de sensation perçue au niveau de l'estomac en cas d'inanition corporelle, synonym de faim: voir  Avicenne, Canon medicinae, III.13.2.10 et 13. (L. Loviconi)

Droite heure de mangier est quant l'estomac est espurgiés et voidiés de la viande que om manga plus tart, et ce connisteras par l'appetitet le desir que tu as a mangier et par sutile et tenue salive qui descent du palais a la langhe... Jofroy de Waterford, Secret des Secrets, Diet., ca 1300, p. 107, XXXVI. E pur iceo sunt engendrez / Enfleure en ventre e ventositez, / E si en ert amenusez /Appetitde mangier, saciez. Pierre d’Abernum, Secret des Secrets, ca 1270, v. 1586-1589. Encore elle [eaue de vie] conforte la digestion et euvre le pis et donne bonappetitet garde le poumon. Jean Pitard, Réceptaire, ca 1300, fol. 26vb. Les utilités de l'estomach, selonc Galien ou .6. des aides, ou .1. chapistre et selonc le Philosophe, sont qu'il soit huche de la viande de tout le cors,et que il soit a tous les membres, ainsi com est la terre aus choses que de li nessent, et qu'il aitapetitpour soi et pour tot le cors, et qu'il face digestion de la viande et le mondefie, et qu'il desseivre les ordures et retiegne le net dit chilus, et qu'il soit a tout le cors queus. Anon. [Henri de Mondeville], Chirurgie, 1314, chap. 359, p. 100. Le vin garit l'apetit. Martin de Saint-Gilles, Amphorismes Ypocras, 1362-1363, p. 60. Autres signes qui apperent ou proces de la concepcion, [...] ou telz signes apperent et soit pris de la vertu naturelle, si comme eructuacion acceteuze ou aigre,apetitde mengier charbons ou croye, ou telles choses […] Martin de Saint-Gilles, Comment. Aphorismes Ypocras, 1363, p. 122. […] car se la fame a conceu masle, elle a plus et meilleurappetitet plus naturel que de femelle ; Martin de Saint-Gilles, Comment. Aphorismes Ypocras, 1363, p. 123. Pour quoy est ce que cil qui usent de malvaise viande et de ort et corrumpu nourrissement, et cil ausi qui ne menguent point et qui n'ont point deappetit, et cil ausi qui sont famis, ont volentiers les piés enflés ? A ce respont Aristotes, et premierement quant a ciauls qui ne menguent point et qui n'ont point d'appetit, et dit ainsy que c'est pource que cil se consument et degastent tout. Evrart de Conty [Aristote], Problemes, ca 1380, I, 5, fol. 12r. Appetitcorrompu, c'estappetitiracionable, quant on desire a menger croye ou charbon ou poissons ou chair crue et fruitz nouveaux et pontiques, sicomme nous le veons manifestement en femmes grosses. Anon. [Bernard de Gordon], Pratique Fleur de lys, ca 1470, V, 4. Désir de manger, en ce qu'il est un signe de bonne santé.
Appétit naturel

L'appétit naturel désigne non seulement l'appétit pour la nourriture, la faim, mais également l'appétit sexuel, en raison, par exemple, d'une réplétion spermatique. Voir Niccolo Falcucci, Sermones medicinales, V.2.1; Avicenne, Canon medicinae, III.13.2.10 et 13 (appétit pour la nourriture, faim), III.20.1.16 (appétit sexuel). (L. Loviconi)

 

Mais entendés ke ce soitappetis naturax, car maintes gens demandent les viandes qui ont appetit ki n'est mie naturax, si com par le maladie que li phisitiien apielent apetit de chien et por autres maladies. Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 1256, p. 16. Besoin naturel du corps qui se traduit par un appétit sain.
Appétit de chien ou appétit canin Mais entendés ke ce soit appetis naturax, car maintes gens demandent les viandes qui ont appetit ki n'est mie naturax, si com par le maladie que li phisitiien apielentapetit de chienet por autres maladies. Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 1256, p. 16. Les causes intrinseques sont sicomme grandes passions de membres du corps, sicomme il appert ou cervel pour epilence et pour appoplexie et es passions de l'estomac comme trop grant replecion ou inanicion, si comme il appert enappetit caninet bolisme et en douleur de l'estomac et en mordicacion d'estomac et sicome il appert en colique et en illiaque et en flux de ventre et en vermes. Anon. [Bernard de Gordon], Pratique Fleur de lys, ca 1470, IV, 12. Appetit caninest grant, irracionable, que on ne peut saouler et qui plus menge, plus appete et l'appelle on canin que ainsi que le chien ne peut estre saoulé. Anon. [Bernard de Gordon], Pratique Fleur de lys, ca 1470, V, 4. Appetit caninest divisé en quatre : l'un est appelé canin, l'autre est appelé bolisme, l'autre faim sincopale et l'autreappetitcorrompu. Anon. [Bernard de Gordon], Pratique Fleur de lys, ca 1470, V, 4. Appétit démesuré, comme l'est celui d'un chien.