verbe
date CORROMPRE
FEW II-2 1234a : corrumpere PERDRE En ce sens,corromprese trouve en emploi pronominal ou intransitif. Le verbe a alors une connotation péjorative très nette, ce qui explique qu'il ne soit pas un simple synonyme d'altérer, terme plus neutre dans les domaines agronomique et botanique. [F. Vigneron] Qui gette douces amendes en vin de noirs roisins, il se garde sanscorrompre. Anon. [Pietro de' Crescenzi], Livre des prouffitz champestres et ruraulx, 10227, 1373, IV, chap. 39, fol. 91v. Se dégrader, se gâter, ce qui empêche la conservation, en parlant du vin. NIGRIFIER Tel soufre ne entre pas en nostre art car il n’est pas de la substance a l’argent vif, ne de sa parfection, cum il ne fait que nigrifier et corrumpre toute chose ou il est ajousté. Anon. [Pseudo-Arnaud de Villeneuve], Le Rosaire des philosophes, XIVe s., I, 3, p. 74.

Dégrader les qualités d'un métal* ou d'une substance.

ALTÉRER

Contrairement à ce que nous pouvons constater dans les écrits de philosophie naturelle (voir les citations de Mahieu le Vilain dans cet article),corrompre est employé par les auteurs de traités médicaux avec un sens nettement négatif. L'action de modification exprimée par le verbe va toujours dans le sens d'une dégradation. En outre, cette dégradation est le plus souvent associée à des processus pathologiques. [I. Vedrenne-Fajolles]

A la foizcorrontla char tant solement, a la foiz la char et les os, a la foiz les ners. Ce connoistras tu par ces signes, car la flestre ou la char est maumise, la porreture est ausi com laveure de char. Anon. [Roger de Salerne], Chirurgie 1, Sloane 3525, XIIIe s., § 19. Se il [le festre]corruntla sustance de l’os[,] icele roisne que aucune corruptions ne remaigne illuec. Jehan de Prouville [abbé Poutrel], Chirurgie, ca 1300, fol. 43v. Car telle suffocacion vient pour la cause de la retencion du propre sparme ou du sang menstru, lesquelz, quant ilz sont retenus, ilzsontcorrompuz; et de celle corrupcion est eslevee une fumee au cuer, et une vaspeur toute pourrie et puant au cervel, et cause telle suffocacion. Martin de Saint-Gilles, Amphorismes Ypocras, 1362-1363, p. 112. Modifier, dégrader les qualités* d'un organe*, d'une substance corporelle.
Emploi passif ALTÉRER Des autres manieres de ewe et comment on doit amender celes quisontcorrunpues, ne dirons nous mie chi. Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 1256, p. 18. Être dégradé au point de devenir mauvais pour la santé, en parlant de l'eau que l'on boit ou de l'air que l'on respire. emploi pronominal

Lorsque corrompre est employé pour décrire ce qu'il se produit pendant le processus de la digestion, l'orientation de son emploi est plus ambiguë. Dans le cadre d'une digestion normale, il peut renvoyer au processus de décomposition progressive des aliments. Mais, il peut aussi s'appliquer à des mets indigestes qui produisent une mauvaise digestion, comme ce semble être le cas dans la citation nfra. C'est en tous les cas le seul champ du domaine médical où son emploi peut n'être pas pleinement négatif. [I. Vedrenne-Fajolles]

La chereviele est froide et moiste, et por ce qu’ele est wischeuse si doune abhomination etsecorruntlegierement à l’estomach,et por ce, cil qui le welent mengier le doivent mengier devant totes viandes. Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 1256, p. 133-134. Se modifier, se dégrader pendant la digestion, en parlant d'aliments.
Lez partiez de la mersecorrumpoientet se rengendroient et s’esbuoient l’une aprés l’autre contremont, por quoi l’en porroit dire que la mer est salee, por ce que la douce partie s’esbue contremont et la sauxe demeure. Mahieu le Vilain [Aristote], Meteores, ca 1285, II, fol. 22va. Modifier les qualités* élémentaires* de température et d'humidité d'un corps. Les IIII elemenscorrumpentl’un l’autre et s’entre rengendrent. Mahieu le Vilain [Aristote], Meteores, ca 1285, I, chap. 1. Chose qui sont contraires ont action une en l'autre ensamble et passion une de l'autre etcorrompentune l'autre. Nicole Oresme [Aristote], Livre du ciel et du monde, 1377, II, 8, p. 360. Modifier les qualités d'un élément ou d'un corps naturel.