verbe trans.
date DIGÉRER
FEW III, 75a digerere Le vin qui est odorant moustre que sa liqueur est soubtive et attempree et nettoiee de toute ordure et bien du tout digeree [...]. Anon. [Pietro de’ Crescenzi], Livre des prouffitz champestres et ruraulx, Bonhomme, 1373, livre IV, chap. 47, fol. 101r.

Élaborer le vin par diverses étapes, en laissant d'abord fermenter le moût.

Au commencement [de leu] fai sainie de la vainie du fie u d’autre desus u dedens selonc ce que li membres sueffre, se tu n’as aucun empeechement et digere la matere o oxizacre et la purge o cartatiq imperial li quels purge cole naturel. Jehan de Prouville [abbé Poutrel], Chirurgie, ca 1300, fol. 37v-38r. Environ la generacion de la boue, les douleurs et les fievres sont plus fortes que quant la matiere est digeree. Martin de Saint-Gilles, Amphorismes Ypocras, 1362-1363, p. 64. Pour ce tu dois sçavoir qu'il sont plusieurs engins de curer : aulcuns sont a digerer, aulcuns a conserver, aulcuns a evacuer. Anon. [Bernard de Gordon], Pratique Fleur de lys, ca 1470, I, 5. Et ou millieu [le coeur] a une fosse. [...] esquieulx le sang gros nutrimental venant du foye est digeré et fait subtil et espirituel. Nicolas Panis [Guy de Chauliac], Chirurgie, ca 1450, tr. I, doct. 2, chap. 5. [...] et ce est a cause de agitation faite es humeurs dispersés au corps reposant en icelui, et quant nature ne treuve pas viande a digerer et occuper, elle diverte et court es humeurs et les resoult et esmeult. ANON. [Arnaud de Villeneuve], Regime santé du corps, 1480, 125.

Transformer une substance dans le corps, digérer.

Le dit esperit est digeré en cel cervel de la derraine digestion, et il en est fait esperit de la vie. Anon. [Henri de Mondeville], Chirurgie, 1314, chap. 185, vol. 1, p. 54-55.

Epurer notamment un esprit* en chauffant.

L’emploi du verbe digérer pour les plantes se fait par analogie avec le domaine médical. [F. Vigneron]

Aprés si comme nous avons dit par avant, la terre est le ventre de la plante et la est receue premierement la viande et premierement digeree a la samblance de la plante, et la est traitte la mutacion pour nourrir la plante, car les vertus de la terre sont les principaulx vertus de la plante, et selon la mutacion de la terre les plantes se muent. Anon. [Pietro de’ Crescenzi], Livre des prouffitz champestres et ruraulx, Bonhomme, 1373, livre II, chap. 13, fol. 35v.

Pour une plante,  transformer la nourriture qu'elle absorbe par ses racines, afin de poursuivre sa croissance et de se maintenir en vie.

Les regions d'occident. [...] ont les eaues muables et troubles pour ce que au matin elles ne sont pas bien digerees par le souleil et par le vent qui y est trop froit au matin. Jean Corbechon [Barthélemy l’Anglais], Proprietés de choses, 1372, XI, 3, fol. 159r.

Epurer un corps natuel et mixte par la chaleur, notamment du soleil.