nom fém.
date ÂME
FEW XXIV 581a : anima ARME

 

Selon le De anima d'Aristote, la définition la plus courante de l'âme est l'entéléchie première d'un corps organisé, c'est-à-dire un principe d'actualisation des puissances du corps ou un principe d'actualisation par lequel le corps est apte à accomplir les actions du vivant. L'âme peut désigner aussi un principe de vie et enfin dans un cadre galénique, la puissance animale de l'âme, localisée dans le cerveau et responsable des facultés cérébrales (mémoire, imagination, raison) ainsi que de la sensibilité et des mouvements volontaires . (L.Loviconi)

[…] aviegne que li arme ne puisse avoir bien ne mal sans le cors, tant com il sont ensamble. Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 1256, p. 31. Et est le cueur de toutes les vertus du corps instrument et parfait lieu de l'ame. Anon. [Guy de Chauliac], Chirurgie, ca 1450, tr. I, doct. 2, chap. 5. Or est il ainsi que, a oster tel vaspeur et telle fumee corrupte [qui cause la suffocation de la matrice], la sternutacion est aidable ; premierement, elle esveille la vertu expulsive de la marriz ; secondement car les membres espirituelz, c’est a dire le cuer et et ceulx d’environ, et les membres animés ou de l’ame, c’est a dire le cervel et ceulx du chief, sont esmeuz par telle sternutacion, au mouvement desquelz les lacertes sont esmeuz, auquel mouvement la marriz est expressee et estrainte ; Martin de Saint-Gilles, Comment. Aphorismes Ypocras, 1363, p. 112. […] car quant il vient aucun nuisement au poulmon et aux cannes du poulmon, adont la vertu sensitive sent son nuisement, et esmeut et esveille la vertu expulsive naturelle, laquelle esveillee et aidee et confortée par la vertu motive de l’ame, des panicles, lacertes de toute la poitrine, meslent ou entendent a mesler la matiere qui est en la canne du poulmon avec l’air, et la boutent hors a grant force et a grant impectuosité, et se efforcent de la bouter hors ; Martin de Saint-Gilles, Comment. Aphorismes Ypocras, 1363, p. 203-204. Chus mos ame si vaut autant dire comme sans sanc, car ame et esperit n’ont point de sanc ne de corps. Anon., Placides et Timeo 1, fin XIIIe s., p. 29, § 72. Principe de vie qui prend corps dans le cerveau de tout être humain, qu'il anime* et fait fonctionner à l'aide de sa vertu motive*.
[…] ou telles causes [d’avortement] sont du mouvement de l’ame, si comme trop grant ire, ou trop grans couroulz, ou trop grant paour, ou tristece, ou douleurs ; Martin de Saint-Gilles, Comment. Aphorismes Ypocras, 1363, p. 109. Nous devons savoir que, si comme nous povons concevoir des parolles d’Avicene ou IIIe du Canon, en la première feu, ou IIIIe traictié, en plusieurs chapitres, des diz Galien ou comment, et ou IIIe livre des Interiores, que humeur melencolique venant au cervel trouble les esperilz et obscurcist et obfusque l’ame et empesche l’ame, et est cause de corrupcion d’ame ou despicience […] Martin de Saint-Gilles, Comment. Aphorismes Ypocras, 1363, p. 210. Principe des émotions, des pensées, en tant qu'il peut être déréglé et produire un état maladif. Accident de l'ame ACCIDENT Il convient parler d'une cose que phisike apele accidens de l'arme, c'est a dire que ce sont plus propres coses de l'arme que du cors, aviegne que li arme ne puisse avoir bien ne mal sans le cors, tant com il sont ensamble. Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 1256, p. 31. Item appetit quant il passe l'eure qu'il doit menger, il se affoiblit et dormir superfluement et air venimeux le diminue et crapule et viandes fastigieuses et oyseuse et accidens de l'ame. Anon. [Bernard de Gordon], Pratique Fleur de lys, ca 1470, V, 2. Les choses non natureles sont .vi., est a savoir le air qui nous avironne, le mouvement du cors humain et le repos, le repletion et le evacuation, le mengier et le boire, le dormir et le veillier, et les passions ou accidens de l’ame. Evrart de Conty [Aristote], Problemes, ca 1380, I, 1, fol. 5v. […] les choses non naturellez comme sont l'aer, boire, manger, dormir, veiller, traveiller, reposser, inanition et replection et les accidens de l'ame car icelles sont causes de toutes maladies et de santé. Anon. [Guy de Chauliac], Chirurgie, ca 1450, chap. sing. Passion en tant qu'elle affecte le corps par un dérèglement de l'âme. Âme végétative Et pour ce desus ou desouz et destre et senestre et devant et derriere ne sont pas en toutes choses, mes sont seulement en celels qui sont en soy commencement ou principe de leur mouvement , et qui ont ame [G] vegetative, comme les plantes, c'est a savoir herbes et arbres; ou vegetative et sensitive, sicomme les bestes; ou ces .II. et intellective, sicomme ont les hommes; ou intellectives seulement, si comme a le ciel selon aucuns. Nicole Oresme [Aristote], Livre du ciel et du monde, 1377, II, 4, p. 308. Pourquoy nous devons savoir qu'il est troiz manieres ou poissances d'ame, dont la premiere et la mains parfaite est l'ame vegetative, qui fait vivre les plantes ; et ceste ame leur donne troiz poissances, c'est assavoir poissance de norrir, poissance de augmenter et de croistre, et poissance de engendrer leur Evrart de Conty, Eschez moralisés, ca 1400, 229. Et pour ce, elles [les herbes] sont mendres et meilleurs [que les arbres], et aussi qu’elles se departent moins de la premiere humeur engraissant dedans terre et ne se eslevent pas en hault pour la feible vertu de l’ame vegetative et penetrant en elles. Anon. [Pietro de' Crescenzi], Livre des prouffitz champestres et ruraulx, 10227, 1373, VI, chap. 1, fol. 148v. Principe de vie qui permet à une plante de se nourrir, de croître et de se reproduire. Âme rationnelle ÂME RAISONNABLE Item, encor ne peut l'en dire que par ame racionele le ciel soit contraint a demourer ainsi perpetuelment. Nicole Oresme [Aristote], Livre du ciel et du monde, 1377, II, 3, p. 302. Toutesfoys sera icy commancé a la teste, especiallement au cervel et a l'oulle contenant ycelluy pource que il est le lieu et l'abitation de l'ame racionelle. Anon. [Guy de Chauliac], Chirurgie, ca 1450, tr. I, doct. 2, chap. 1.

Principe de vie, qui se différencie de l'âme végétative et de l'âme sensible, en tant qu'il est plus noble et le seul apte à recevoir les espèces spirituelles d'une manière intelligible, et à ce titre est propre à l'être humain.

Âme raisonnable ÂME RATIONNELLE ... quant li enfes est nes, il est aussi fols par nature comme aucunne beste, fors tant qu’il a ame raisonnable... Anon., Placides et Timeo 1, fin XIIIe s., p. 19.

Principe de vie, qui se différencie de l'âme végétative et de l'âme sensible, en tant qu'il est plus noble et le seul apte à recevoir les espèces spirituelles d'une manière intelligible, et à ce titre est propre à l'être humain.