nom fém.
date ARGILE
FEW I 137 a et FEW XXV 199b : argilla ARGILLE ARZIL Ceruse est blanchet. Isi poez le faire : pernez plateins de plum tenves et pendez en un pot ultre eisil, issi que il ne atuchent a l’eisil, puis coverez bien le pot dearzilhu de past et laisez issi stere nof jurs et puis ostez le cuvercle et reez le blanc od un cutel, et ceo est blanchet. Anon., Ornement des Dames, ca 1285, XIIIe s., p. 56. Cette terre, en tant qu'elle est utilisée en raison de ses qualités naturelles pour fermer des pots et permettre ainsi la transformation spécifique de la préparation médicinale qui s'y trouve, dans la mesure où cette préparation se trouve ainsi à l'abri de l'air. Ce que nous appelerions aujourd'hui cosmétique fait au Moyen Âge l'objet de recettes que l'on peut trouver aussi bien dans des réceptaires aux contenus variés (recette pour lutter contre les maladies, conserver la santé, entretenir la beauté du corps, mais aussi recettes magiques ou alchimiques) et d'orientation pharmacologique que dans des régimes de santé à l'orientation plus diététique ou encore dans des traités plus spécialisés consacrés à l'entretien de la beauté des femmes. Ci-dessous, c'est dans un régime de santé qu'apparaît la composition d'une préparation contre la repousse des poils. [I. Vedrenne-Fajolles] Encore cest autre ki miex vaut : prendésargilleet alun autant de l'un que de l'autre, et le meslés tot ensamble a jus de juskiame vert, ou kil ne l'ara, a ewe meslee de vin aigre, et se oindera sovent la ou li poil seront cheü ; sachiés certainement ke ce ne laissera le poil revenir. Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 1256, p. 89. Item faites emplastre deargilleavec yaue rose et vin aigre et mettés sus les temples et sus le front pour estanchier le nés. Jean Pitard, Réceptaire, ca 1300, fol. 13va. Cette terre, en tant qu'elle est utilisée pour confectionner des onguents ou emplâtres aux vertus* médicinales, destinés soit à soigner soit à entretenir la beauté des femmes. En français moderne, l'argile désigne des silicates d'aluminium en feuillet. En latin classique, la distinction entre argile et craie n'est pas nette, d'autant que la dénomination parargillaétait appliquée à des types d'argile blanche et à texture fine, comme le kaolin. La définition géologique au Moyen Âge n'est pas non plus d'une grande précision, mais le nomargiledésigne tout type de terre, qui, mélangée à de l'eau, peut être utilisée à différents usages, de la poterie à la pharmacopée. Voir sur l'histoire du concept depuis l'antiquité, M. Fruyt, " La dénomination des sols et des terres en latin",Aux origines de la géologie de l'Antiquité au Moyen Âge, éd. C. Thomasset, J. Ducos et J. P. Chambon, Champion, Paris, 2010, p. 41-44. [J. Ducos et F. Vigneron] Quant il est dont ainsi que les montaignez sont si grans que il puissent dedens euz contenir grant plenté de buee moiste et retenir et refroidier la, adont issent fleuvez et fontainez durans, mes, quant les montaignez sont petitez et sornanz et pooureusez et pleinez de pereitez et d’argillez, adont ne sont pas les fontainez ne les fleuvez durans. Mahieu le Vilain [Aristote], Meteores, ca 1285, I, fol. 18r. Il [l'abricotier] veult tel air et telle terre comme le prunier, mais toutesvoies il aime mieulx terre dissolte queargillene croye. Anon. [Pietro de' Crescenzi], Livre des prouffitz champestres et ruraulx, 10227, 1373, V, chap. 4, fol. 107v. Terre qui retient l'eau et que l'on peut modeler.