nom masc.
date ALUN
FEW I 79b: alumen Alun de plume

Sur l'alun de plume et les dénominations de l'alun, voir F. Mohren,"Deux sciences auxiliaires: philologie et géologie historiques. Le cas de l'alun", Aux origines de la géologie de l'Antiqité au Moyen Âge, éd. C. Thomasset, J. Ducos et J.-P. Chambon, Paris, Champion, 2010, p. 407-436.

Et, se de la semence de la noele volés faire porre bien delié, si le meslés àalun de plume, et .i. pau de bresil, et le destemprés à iauve faite de sa flour, et en faites pilles grossetes, et quant user en volés, si en destemprés une once en l’iauve rose, ou en l’iauve de flours de noiele, et en oigniés le visage, ce fait le visage blanchir et estre bien coulouré. Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 1256, p. 100. A çou [serpigine] et impetigine pourre encens etalun de plumeyvelment et melle tout o vies craisse de porc et o vif argent estaint et au darreain confis cest oignement o jus d’aloisne et oing. Jehan de Prouville [abbé Poutrel], Chirurgie, ca 1300, fol. 54v.

Substance minérale, alun* naturel, utilisé dans son état d'origine, avec des morceaux ressemblant à la plume.

Le contexte est ici bien spécifique, puisqu'il s'agit de l'alun trouvé à proximité des tombes ou des eaux saumâtres. Pierre de Crescens est le seul à proposer dans notre corpus cette interprétation, qui prête à l'alun un caractère morbide qu'il faut en réalité attribuer à d'autres éléments du contexte. (I. Vedrenne-Fajolles) Mais a fouir les puys l'en doibt bien garder et eschever les perilz des fossoyeurs pource que aucunes fois on trouve en terreallun, soulphre, ou cyment, qui envoyent corrupcion et pestillence Anon. [Pietro de' Crescenzi], Livre des prouffitz champestres et ruraulx, Vérard, 1373, I, 8, fol. 11r.

Substance minérale, en tant qu'elle serait porteuse de pestilence*.

Les soins peuvent s'effectuer avec de l'alun ou avec de l'eau chargée de cette substance. (IVedrenne-Fajolles) Alunest sofrë e la chauz, / Cez .iii. dit l’en que sunt trop chauz. / Aigre, agu, blanc, alun plus vaut, / Gastant seche, quar trop est chaut. / E si revaut a la veüe / E la porrie char menjue. / E la farfre dou cors esloigne / E si revaut a tote roigne. / O miel e o esil meslé / La dent lochant a afermé. / Des gencives oste l’enflor, / Le sanc restreint d’ilec entor. / A roigne vaut alun froté / E quant est o eue mesle. / Galla e esil o lui quant sunt / La farfre ostent qui char corrunt. Anon. [Macer], Herbier, ms. Princeton U.L. Garrett 131, ca 1250, v. 1163-1178. Aighes ki sunt d’alun, et de gis, et de fier, et d’arain, si refroident et desecent et sont bones à maintes maladies si com à chiaus ki rakent sanc et le gietent fors, et as menisons, et a privees maladies de femmes quant il en abonde trop Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 1256, p. 26. Encore cest autre ki miex vaut : prendés argille etalunautant de l’un que de l’autre, et le meslés tot ensamble à jus de juskiame vert, ou kil ne l’ara, à ewe meslee de vin aigre, et se oindera sovent là où li poil seront cheü ; sachiés certainement ke ce ne laissera le poil revenir. Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 1256, p. 89. Unes berbelettes vermeiles nesent en la face et mut enleidissent la dame. Issi les poez oster : sengiez la dame suvent del braz de la veine capitale et faites ventuser del col et destemprez jus de aluine et de parele odalumet metez sure. Anon., Ornement des Dames, ca 1285, XIIIe s., p. 60. lxxi. Ad capitis pulcritudinem. Pur beau chez aver, pernez olie de olive et mel etaluntut equal et medlez et metez plus de vif argent que nul altre et uniez suvent. Anon., Ornement des Dames, ca 1285, XIIIe s., p. 70. Autre bon [por la maaille des yeux] : metez aisil fort en .I. vaissel d’arain et jus de pruneles de bois et plon etalunet mettez tout ensamble. Si le laissiez ester ou vaissel bien covert jusque au tierz jor. Si en metez es yeuz. Anon. [Pseudo-Hippocrate], Lettre d'Hippocrate 1, ms. 693, 1240-1250, fol. 78v. Por revenir parole a malade : prenezalun. Si le destremprez. Si le versez en la bouche au malade si parlera. Anon. [Pseudo-Hippocrate], Lettre d'Hippocrate 1, ms. 693, 1240-1250, fol. 81r. L'eiwe qui cort sur mine d'alunest durement chaude et seche, et por ce estanche sanc de quel part que om sengne. Jofroy de Waterford, Secret des Secrets, Diet., ca 1300, l. 812. Encore contre la crance es gencives dois savoir que les gencives sunt a le fie rungies et adonc les doit on laver en vin aigre .111. fois u quatre et puis froter le liu aveuc la decoction de keue de leu .1. poi devant les choses devant dites et aprés ce met sus la poudre qui ensiut la devant dite decoction et i met aucune cose qui confort la caleur naturel si cumme nois muscade, girofle, roses et sanlables choses a aucune chose consolidative et estraingnant si com l’escorce de pome de grenate et les os de dates et canele et aucune chose corrosive si comalunet pieretre et de siccatis si cum fuelles d’olive et ce sera miudre chose. Jehan de Prouville [abbé Poutrel], Chirurgie, ca 1300, fol. 36v-37r. Item [onguent contre la teigne]. Melle oingnement citrin blanc et salse fleume bleu ygalment et les aguisse les dis ongnemens o les dis aguisemens de la pourre de l’un et de l’autre soufoine et de l’un et de l’autre auripigre, .111. de l’un et de l’autre souffre, de l’un et de l’autrealun, il ouverront plus forment, lequel oevre en tel maniere, il amaine au premier une croiste noire et quant la crouste est ostee, li cuirs revient en sa couleur. Jehan de Prouville [abbé Poutrel], Chirurgie, ca 1300,fol. 58r-58v. Les cicatrisatives ausy doivent estre plus seches que les .ii. manieres de medecines devant dites, mais les unes sont plus chaudes, si commealunet vitreol combust, et les autres plus froides, si comme balaustes et litarge. Evrart de Conty [Aristote], Problemes, ca 1380, I, 49, fol. 48r.

Substance minérale, en tant qu'elle a des vertus diététiques ou thérapeutiques, en raison de sa nature corrosive*.

Alun d'Espagne

Il existe de nombreuses dénominations de l'alun au Moyen Âge à l'aide de noms de pays. Elles ne désignent pas nécessairement une origine, mais aussi des modes de fabrication. L'appellation alun d'Espagne se trouve aussi dans les textes latins originaires d'Angleterre. Voir les dénominations de l'alun, voir F. Mohren,"Deux sciences auxiliaires: philologie et géologie historiques. Le cas de l'alun", op. cit.,  p. 407-436.

Si ceo est festre, metez as pertuzalum de espaine. Anon. [Pseudo-Hippocrate], Le livre Ypocras, 1ère moitié du XIVe s., fol. 176v.

Substance minérale fabriquée à partir d'alun et originaire d'Espagne.

alun zuccarin ALUN DE SUCRE A la porreture des levres prenalum zucarin, si le destrempe de miel en manere d’oignement, si le mes sus les levres. Anon. [Roger de Salerne], Chirurgie 1, Sloane 3525, XIIIe s., fol. 21rb.

Substance minérale mélangée à de l’eau de rose, du blanc d’œuf et du sucre, préparation qui s’utilise à des fins thérapeutiques.

Alun, sulfate double de potassium et d'aluminium hydraté. Il existe toutes sortes de substances nommées aluns au Moyen Âge, car elles sont souvent fabriquées à partir de l'alunite par différents moyens d'extraction et de combinaison avec d'autres substances. Voir F. Möhren, "Deux sciences auxiliaires: philologie et géologie historiques. Le cas de l'alun",Aux origines de la géologie de l'Antiquité au Moyen Âge, éd. C. Thomasset, J. Ducos et J. P. Chambon, Paris, Champion, 2010, p. 407-436. L'alun, comme d'autres substances (le fer par exemple) contribue à donner un goût spécifique à l'eau. (J.Ducos)

Et autressi des qualitez et des proprietez as parties des terrez, c’est a dire que l’une est plaine de souffre, l’autre d’alun, l’autre de mineres, l’autre graveleuse. Mahieu le Vilain [Aristote], Meteores, ca 1285, I, fol. 1v. Totes les ewes en coi on se baingne ou eles sont doces ou d'autre maniere, si com sont ewes qui ont nature de soufre, et autres ki ont nature d'alun, autres qui sont salees, autres qui sont ameres, autres ki ont nature de salnitre, autres ki sont gissees, autres ki ont nature de fer, autres ki ont nature d'arain. Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 1256, p. 25. L'eiwe qui cort sur mine d'alunest durement chaude et seche, et por ce estanche sanc de quel part que om sengne. Jofroy de Waterford, Secret des Secrets, Diet., ca 1300, l. 812. Substance minérale, qui peut notamment donner à l'eau qui la touche des caractéristiques particulières.
alun de roche

Il s'agit du résultat de l'un des modes d'extraction de l'alun, à la suite d'une dilution et d'une macération. Les dépots sous forme de cristaux sont appellés alun de roche, selon F. Möhren, art. cit. Comme on le voit dans la citation, l'alun de roche servait notamment, au Moyen Âge, dans les opérations de collage, pour clarifier le vin. [F. Vigneron]

Un maistre tresexpert si dit que le vin est tresbien clarifié et ramené a bonne saveur, se l’en met en un tonnel demie livre dealun de rochebien pouldré et autant de sucre rosat avecques VIII livres de miel. Anon. [Pietro de' Crescenzi], Livre des prouffitz champestres et ruraulx, 10227, 1373, IV, chap. 40, fol. 94r.

Substance minérale qu'on fait chauffer, puis qu'on laisse refroidir, ce qui lui donne l'aspect du cristal.

alun de sucre

L'alun de sucre ou alun zuccarin désigne aussi une préparation à base d'alun cuit à l'eau de rose et au blanc d'oeuf, qui servait dans la pharmacopée comme cosmétique (voir infra). On peut penser que, dans ce contexte, il s'agit peut-être plutôt de l'alun qui se présente sous forme de grains blancs à l'état naturel et qui peut être aussi le résulat obtenu lors de la fabrication de l'alun de roche : sur les parois du bac se forment les cristaux (l'alun de roche), tandis qu'on trouve du gravier d'alun dans le fond (l'alun de sucre), comme l'explique F. Mörhen, art. cit. Dans la citation de Pietro de' Crescenzi, on voit que cette préparation servait notamment, au Moyen Âge, dans les opérations de collage, pour clarifier le vin. [F. Vigneron]

ALUN ZUCCARIN Aussi le puet l’en clarifier [le vin] tresbien et purgier par ceste maniere : prenez demie livre de alun de roche et demie livre dealun de sucre[...]. Anon. [Pietro de' Crescenzi], Livre des prouffitz champestres et ruraulx, 10227, 1373, IV, chap. 40, fol. 94r.

Cette substance minérale qui est naturelle ou fabriquée.