En la tierce partie et fin de ceste euvre sera dit des ars supersticieux [...] et en la fin d'iceulx sera adjousté que c'est de l'art notoire, de ciromance et geomance, que l'on ditars divinatoires.
Et par ce appert il comment ceste science [des interrogations astrologiques] se differe des autres ars divinatoires qui se esforcent de apprendre a pronostiquier des choses a venir et des choses occultes par autres divers signes, sy come fait geomancie, qui ce aprend par poins gectés en terre avantureusement ou en aucune autre terrestre matiere.
Sur l'art notoire, voir J. Véronèse, L’Ars notoria au Moyen Âge. Introduction et édition critique, Florence, 2007.
Le moine de Chartres dont parle Jacques Legrand est Jean de Morigny, auteur au début du XIVe siècle d'un Liber visionum et d'un Liber florum celestis doctrine inspirés par l'art notoire. Cf. John of Morigny, Liber florum celestis doctrine / The Flowers of Heavenly Teaching. An Edition and Commentary by Claire Fanger and Nicholas Watson, Toronto, 2015; C. Fanger, Rewriting Magic. An Exegesis of the Visionary Autobiography of a Fourteenth-Century French Monk, University Park, 2015.
Item, oultre les ars nommés ou premier chapitre, encore y en a il d'autres qui ont aussi pou ou mains d'apparence et nulle certaineté, comme de la teste Saturne,art notoire, art contre noctoire, piromance, spatulomance, art de sintrille, divinemens par metals, par cire, par pains, par esternuemens, par foudres et par telles sorceries.
Pour tant que vous avés pallé de l'art notoire, certes, c'est bien vray que c'est une art dampnable et mauvaise, car l'en y use d'aucunes choses pour science acquerir, lezquellez n'ont mie vertu en soy d'acquerir science, conme est user de l'inspeccion d'aucunes figures et user aussi d'aucunes paroles estranges, dezquellez l'en n'en a pas bien cognoissance.
Ou tiers capitre est a veoir se art de Tolete et autres observances introduites pour acquesir science [...] sont licites et denfendues. [...] La conclusion premiere : que science acquesir parart notoire, que on dit [de] Tolete, est a reprover.
Quant le corps de Virgile fut trouvé ou tumberel, il y avoit ung livre sur son chief, ou l'art notoireestoit escript, avec aultres figures de la science de Virgile. Le maistre [anglais] print le livre et la pouldre du corps fut levee avec les os.
En la tierce partie et fin de ceste euvre sera dit des ars supersticieux [...] et en la fin d'iceulx sera adjousté que c'est de l'art notoire, de ciromance et geomance, que l'on dit ars divinatoires.
Outre plus, aucuns pourroient arguer, en approuvant les ars magiques, que l’art nottoire semble estre vraie par pluseurs tesmoingnages. Car nous trouvons une art notoire que fist Tholomeus [sic, pour Apollonius] et l’autre fist un moine de Chartres nommé Jehan, lesquelles dient et afferment que par ycelles ars on puet acquerir toutes sciences sanz paine, excepté celle qui est contenue es dictes ars, laquelle ne semble autre nemais jeuner et Dieu prier ; et pourtant aucuns veullent dire que l’art notoire est bonne et vraie et fondee en foy et en devocion. Neantmoins je dy que l’art notoire est fausse et mencongiere et raisonnablement deffendue, et par la vertu d’icelle ame ne puet a science avenir.
Forme de magie chrétienne, cérémonielle, théurgique et divinatoire, fondée sur l'observation de figures appelées notes (notae en latin), sur une ascèse sévère et promettant à son adepte un savoir total.
Ou tiers capitre est a veoir seart de Toleteet autres observances introduites pour acquesir science [...] sont licites et denfendues. [...] La conclusion premiere : que science acquesir par art notoire, que on dit[art de] Tolete, est a reprover.
Il [Manasses] crut en songes et en devinailhes. A chascunmal artsoi donna […].
Il y avoit en Campagnie, en la cité de Naples, une mouche d'arain que Virgile fist parart d'enchantement. Celle mouche fut de tel vertu que tant comme elle fut ou lieu ou Virgile l'avoit mise, nulle mouche ne povoit entrer en la cité, tant soit elle grant et large.
Encore y a en la marche de Naples une cave de merveilleuse vertu dedens la roche entaillee. La cave est tant longue que qui seroit ou milieu de la cave, a payne en pourroit veoir les deux boutz. Et ce fist Virgile, par sonart matematique, que nul ne puet illec nuyre son ennemy en celle quarriere de montagne par nulle tricherie ne par nul engin de malice qu'il sceust faire.
Item, oultre les ars nommés ou premier chapitre, encore y en a il d'autres qui ont aussi pou ou mains d'apparence et nulle certaineté, comme de la teste Saturne,art notoire,art contre noctoire, piromance, spatulomance, art de sintrille, divinemens par metals, par cire, par pains, par esternuemens, par foudres et par telles sorceries.
Item, oultre les ars nommés ou premier chapitre, encore y en a il d'autres qui ont aussi pou ou mains d'apparence et nulle certaineté, comme de la teste Saturne, art notoire, art contre noctoire, piromance, spatulomance,art de sintrille, divinemens par metals, par cire, par pains, par esternuemens, par foudres et par telles sorceries.
Divination par l'examen de la réflexion de la lumière dans l'eau d'un ou de plusieurs bassins.
Proverbe .XII./ Es VII. ars de magique ne dois avoir fiance,/ Car l’Ennemy menteur enseingne nygromance./ De tes songes aussi ne dois tenir grant cure,/ Se fondéz ilz ne sont en raison ou nature./ Ce proverbe appert car l’Ennemy en l’Escripture est nommé le prince de toute mensonge. Et pour tant que toute science est vraie, consequamment les doctrines de l’Ennemy ne doivent mies sciences estre appellees, car en elles n’a point de verité, comme sont les .VII. ars de l’Ennemi, c’est assavoir geomancie, ydromancie, aeromancie, piromancie, siromancie, armomancie, nigromancie, lesquelles ars, comme sont celles qui sont a reprouver, entre les sciences ne se doivent point nombrer ne traictier. Toutefoiz a celle fin que tu voies et entendes la cause de la verité du dit proverbe, tu dois savoir que toutes les ars dessus dictes ne sont autre chose nemais invencion de l’Ennemi pour decevoir humaine creature, et sont comme sorceries et ymaginacions de nulle value.
Art magique et divinatoire.
La formation de l'"étudiant" du Moyen Âge commençait par l'apprentissage des sept arts libéraux, à savoir les quatre arts du quadrivium (géométrie, arithmétique, astronomie et musique) et les trois arts du trivium (grammaire, rhétorique et dialecctique), formation fonctionnant comme une propédeutique aux études plus spécialisées (théologie, droit, médecine,etc.). Pendant la période médiévale, des tentatives pour faire évoluer cette liste de disciplines héritées de l'Antiquité ont régulièrement eu lieu, de même que les classifications des savoirs ont régulièrement fait l'objet de remises en cause, de tentatives de modification. C'est ainsi qu'on a vu, notamment, apparaître les arts mécaniques. Ces questions (contenu de l'enseignement des arts libéraux, classifications des savoirs au Moyen Âge, intégration de savoirs nouveaux ou jusqu'alors non reconnus au Moyen Âge) ont fait l'objet de nombreux articles et même de colloques. [I. Vedrenne-Fajolles]
Et pour ce ceste science est devisee en .2. grans parties, dont l'une est theorique et speculative, et ceste est astrologie qui est un des quatrears mathematiques, par quoy homme cognoist quantes esperes il y a u ciel et quantes manieres de mouvemens, lesquels demonstrerent par certaine demonstroison la vroie unité de Diu, dont le non soit benoist et exaucié perpertuelment.
Les quatre arts du quadrivium : géométrie, arithmétique, astronomie et musique.
On remarquera dans les citations infra l’opposition entre art et le mot latin innate ou encore entre art et nature. Il s’agit donc ici de l’opposition classique entre ce qui relève de la nature et ce qui relève de la production humaine. En ce qui concerne le domaine de la médecine, cette intervention humaine se fera sous la forme de différentes pratiques médicales, des interventions du médecin, en particulier de l’administration de traitements. [I. Vedrenne-Fajolles]
[…] en quelque maniere que emorride soit prise, elle est prouffitable a telles maladies [i.e. mélancolie, frénésie, passion des reins], et dit Ypocras en son texte,innate, c’est a dire quant elles vienent de leur gré, et s’elles estoient procurées par benefice d’art, aussi seroient-elles [bonnes].
Et c’est a entendre quant le vomite vient par le benefice de nature et de son gré, et aussi fait il quant il est fait parart, car le medecin en doit suir nature, et quant nature cure dyarrie ou flux de ventre par vomite, aussi doit faire le medecin qui euvre selon l’artde medecine.
Ainsy voit on aucuns medecins, en usant de lorart, qui garissent lors malades par superhabondance de vin ou d'yaue ou d'aucune medecine ou d'aucune viande, Et meesmement aucune foys par superhabondance de fain et par grant abstinence.
Et por ceu dist Ypocras que li nons avec le non est mout, et avec l'uevre est poc ; et meismement en l'art de main.
Et li tierce maniere si est que par aventure on ne puet trover femme bien saichant en cestart de mains[...].
Savoir et activité du chirurgien, en ce qu'il fait appel à des opérations manuelles, chirurgie.
La dénomination d'un savoir par art suppose qu'il constitue un tout reconnu en tant que tel même s'il ne fait pas toujours partie des disciplines enseignées explicitement à l'université, comme on peut le voir par la liste ci-dessous et la mention dans la citation de l'art notoire, magie qui est considérée tantôt comme bénéfique tantôt comme nuisible (J.Ducos).
Pour tant que vous avés pallé de l'art notoire, certes, c'est bien vray que c'est uneartdampnable et mauvaise, car l'en y use d'aucunes choses pour science acquerir, lezquellez n'ont mie vertu en soy d'acquerir science, conme est user de l'inspeccion d'aucunes figures et user aussi d'aucunes paroles estranges, dezquellez l'en n'en a pas bien cognoissance.
Einsit poez savoir si cum vos avez entendu desus que de plusors foiz que li hom virent et aparçurent et sentirent les natures des choses, vint de plusors veües et de plusors sens un experiment, et quant il orent espermenté plusors foiz les choses, de plusors experimenz vint une memoire, et quant il orent plusors remembrances des choses qui avoient esté esperimentees par meintes foiz, de plusors memoires vint un universel, que tint cil qui enqueroient et encerchoient la verité, et sorent par experiment et par memoire de plusors sages que einsit estoit universelment, cum il estoit encerchié et que ce ne pooit fallir, et cist universels fu commencement de art et de science.
Creto de Cerdone fut en ce temps, homme fort speculatif es mouvemens et en l'art de perspective.