nom fém.
date CHALEUR
FEW II 1 102a : calor

Dans la citation de Pierre de Crescens, l'adjectif estrange permet de comprendre qu'il s'agit d'une chaleur 'étrangère' au vin, ce n'est pas sa chaleur naturelle qui est en cause. A. Henry, en des termes modernes, définit cette chaleur comme une 'énergie moléculaire' (A. Henry, Contribution à l'étude du langage œnologique en langue d'oïl (XIIe-XVe s.), [Bruxelles], Académie royale de Belgique, 1996, vol. 2, glossaire œnologique ,s. v.'chaleur'). [F. Vigneron]

Il avient que le vin se corrompt et pert aucuneffois pour l’eaue corrompue en la vigne ou pour la mixtion d’eaue avecques le vin, et par diverses manieres se change et tourne par estrangechaleurqui y euvre. Anon. [Pietro de' Crescenzi], Livre des prouffitz champestres et ruraulx, 10227, 1373, IV, chap. 37, fol. 91r. Qualité* chaude qui peut se trouver dans le vin et qui risque de l'altérer.
Chaleur naturelle, chaleur de vie. CALEUR NATUREL(LE) CALOR NATUREL(LE) La chaleur naturelle est le signe que le corps est vivant, qu'un membre blessé peut encore être sauvé. Il faut donc la conserver, notamment par une alimentation confortante* ou par des traitements médicinaux. [I. Vedrenne-Fajolles] La chaleur naturelle était censée être le moteur de divers processus physiologiques, notamment de la digestion*. Elle était considérée varier avec l'âge de l'individu. Cf. aussi CHALEUR DE VIE. Et li dormirs atempreement vaut miex as viex que as jovenes, por ce k'il garde les humeurs ou licaleurs naturexse nourist, et por ce dist Galiiens en se viellece, je mengue cascun jor [...] et li dormirs me gaaigne et engenre l'humeur ou ma caleurs est nouries. Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 1256, p. 21. Li femme qui l'enfant norrist doit avoir aage de .xxv. ans, car c'est li ages ou licaleurs naturexest plus fors por boinnes humeurs engenrer. Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 1256, p. 76. se li esperis et li caleurs se vienent des menbres de fors et reviegnent par dedens c’est ou soudainement ou tempreement. Se c’est tempreement, c’est tristece et envie qui refroident le cors et descendent, et amortissent lecaleur naturelqui doit en santé le cors maintenir. Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 1256, p. 31-32. L’autre riule est que on doit douner en cascune plaie spasme de repletion, se li flus du sanc est petis ; se il est grans, spasme de inanition ; char lacalors natureledeguerpist les parties navrees par defors. Jehan de Prouville [abbé Poutrel], Chirurgie, ca 1300, fol. 1v-2r. Encore contre la crance es gencives dois savoir que les gencives sunt a le fie rungies et adonc les doit on laver en vin aigre .111. fois u quatre et puis froter le liu aveuc la decoction de keue de leu .1. poi devant les choses devant dites et aprés ce met sus la poudre qui ensiut la devant dite decoction et i met aucune cose qui confort lacaleur naturelsi cumme nois muscade, girofle, roses et sanlables choses a aucune chose consolidative et estraingnant si com l’escorce de pome de grenate et les os de dates et canele et aucune chose corrosive si com alun et pieretre et de siccatis si cum fuelles d’olive et ce sera miudre chose. Jehan de Prouville [abbé Poutrel], Chirurgie, ca 1300, fol. 36v-37r. [...] mais les vieillars ont petitechaleur naturelle, pour ce on il a mestier de petit nourrissement, car lachaleur naturelleest destainte de grant multitude de nourrissement. Martin de Saint-Gilles, Amphorismes Ypocras, 1362-1363, p. 56. 3. utilités sont pour quoy le dyaffragme est illuec assis : la .1. qu'il dessoivre les nutritis des esperituelz par son assise ; la .2. que lachaleur de viene soit espandue aus nutritis par desous ; la .3. que les fumees malicieuse. Anon. [Henri de Mondeville], Chirurgie, 1314, chap. 335, p. 95. Qualité* chaude propre au corps humain. Chaleur perilleuse. CALOUR PERILLEUSE [contre la goute-rose (au commencement ?)] Se li cors est plains, cuis la matere o oxisacre et sirot de fumeterre yvelment. Aprés ce purge le o cartatique imperial a la tierce partie o ierarufin, au tierc jour fai estuves de caudes herbes, se li cors est sanscalour perilleuse, si non d’erbes froides a scabiose et chascune pareles et fumeterre. Jehan de Prouville [abbé Poutrel], Chirurgie, ca 1300, fol. 47v. Excès de la qualité* chaude qui met en danger le malade, effet de la fièvre*. […] et l’autrechaleurest des elemens et ceste ci est aucune foiz corrupcion sicomme il appert ou miroer ardant qui art le drap pour cause de la chaleur qui vient des rays de l'air qui sont brisées dessus le miroer. Jean Corbechon [Barthélemy l’Anglais], Proprietés de choses, 1372, IV, fol. 29v.

Qualité naturelle d'un élément, notamment du feu et de l'air.

Le mouvement est une des causes de la chaleur selon la physique aristotélicienne, dans le monde sublunaire. […] carchaleurest mouvement du centre a la circonference. Martin de Saint-Gilles, Comment. Aphorismes Ypocras, 1363, p. 149. Qualité chaude acquise momentanément par la matière ou un corps, provoquée par le mouvement. La chaleur des corps célestes était la seule espèce de chaleur à ne pas être incluse dans la chaleur élémentaire, qui est, elle, provoquée par plusieurs causes possibles, principalement le mouvement. La chaleur provoquée par les astres est considérée comme influant sur les êtres animés (animaux et hommes) et susceptible de provoquer une génération. ilz sont deux manieres dechaleur: l’une si est lachaleurdu souleil et du ciel et est cause de generation et de conservation sicomme il appert es nues esquelles sont engendrees les raines par la vertu de la chaleur du souleil. Jean Corbechon [Barthélemy l’Anglais], Proprietés de choses, 1372, fol. 29rb. Aucuns corps du ciel ont vertu refrigerative ou de causer froidure et autres sont cause dechaleur, et par consequent, comme dit est, il sont differenz en espece. Nicole Oresme [Aristote], Livre du ciel et du monde, 1377, II, 16, p. 464. Ce n'est pas voir generaument que tout mouvement soit cause dechaleur, mes seulement tout mouvement ouquel est faite vehemente confrication ou freement d'un corps a un autre et violence et es parties ou est la confrication. Nicole Oresme [Aristote], Livre du ciel et du monde, 1377, II, 15, p. 438.

Qualité* matérielle provoquée par un astre ou une autre cause naturelle, chaleur.

Les couleurs au Moyen Âge sont définies par leur degré de lumière , mais aussi comme toutes les composantes du monde naturel par un degré de chaleur, même si ce dernier ne signifie pas un degré de température au sens contemporain du terme.[J.Ducos] Couleur citrine et jaune et punicee sont auques tout un et y a pou de differance mais que il a moins de blanc et plus de noir en l’un que en l’autre, et plus dechaleuret moins de froidure selon que couleur est enracinee en plus soubtille et plus clere matiere de tant reluit elle plus et appart mieulx. Jean Corbechon [Barthélemy l’Anglais], Proprietés de choses couleurs, 1372. Qualité* d'une couleur qui présente une dominante jaune ou rouge.