verbe
date DÉBATTRE
FEW I, 292b battuere DEBATRE

La relation entre battre (voir ce verbe dans le DFSM) et débattre est-elle purement synonymique, ou bien faut-il voir dans débattre un verbe utilisé uniquement lorsqu'il est question d'un emballement du pouls ? Les deux citations présentes dans l'article DÉBATTRE (sens actif et passif) associent en effet le verbe débattre à l'idée d'une fréquence qui augmente, d'un rythme inhabituel qui indique un problème de régime ou de santé. Le préfixe pouvant marquer le renforcement et l'intensité, cette interprétation semble plausible. TLF, dans son article sur l'usage moderne de ce préfixe, prend d'ailleurs comme exemple débattre, au sens de "battre fortement". Remarquons que, jusqu'alors, les outils lexicographiques portant sur le français médiéval ne soulignaient pas d'usage spécifiquement médical. Le complément du Godefroy (GDC) signalait que le verbe pouvait servir à rendre l'agitation d'un coeur étreint par une émotion, dans un emploi courant et non spécialisé : "en parlant d'un coeur agité". Le Dictionnaire du moyen français (DMF) est le premier à citer un texte médical (GORDON) au milieu de citations littéraires où le verbe sert à rendre l'idée d'agitation ou de palpitation (du coeur, des tempes, des vaisseaux sanguins, du pouls). Le distingo n'est pas vraiment fait entre l'usage technique et l'usage courant du mot. L'usage spécialisé de battre est à peine mieux relevé dans la documentation. Pourtant, l'importance du rythme du pouls pour la clinique (diagnostique, pronostic) rend l'usage de ces deux verbes important. Depuis les huit traités de Galien consacrés au rôle du pouls, la médecine antique, byzantine, arabe et occidentale n'a en effet cessé de produire des traités sur ces questions, le De pulsibus attribué à Philarète entrant en outre dans la liste des oeuvres formant le socle de connaissances à maîtriser dans les facultés de médecine (liste plus tard connue sous le nom d'Articella). Des ouvrages de médecine générale connus de tous les médecins lettrés, comme le Pantegni d'Haly Abbas (trad. Constantin l'Africain) ou le Canon d'Avicenne (trad. Gérard de Crémone) consacrent de nombreuses lignes à ces questions. Pour plus d"informations sur le rôle central de la prise de pouls dans la médecine (notamment médiévale), voir Eric Marié, Le Diagnostic par le pouls en Chine et en Europe, Une histoire de la sphygmologie des origines au XVIIIe siècle, Paris, Springer Verlag France, 2011. L'ouvrage est cité par Concetta Pennuto, "Pulsations du corps en médecine, sentir et mesurer par la musique" dans Histoire, médecine et santé [Revue d'histoire soclale et culturelle de la médecine, de la santé et du corps], 11, 2017, p. 55-76 (disponible en ligne en accès libre, sur Open Edition). Pour en revenir à la synonymie de battre et de débattre, il est difficile de trancher à partir des deux citations actuellement relevées dans ce corpus et du peu de documentation française disponible à ce jour. Et, bien évidemment, en matière de "musique du pouls", la fréquence est une notion capitale. [I. Vedrenne-Fajolles]

 
[...] à celui ki sera ensi nouris et plains à outraige est boins li sainniers ; et quant il est trop plains, si le puet counoistre et tel mainiere que s’orine soit rouge et espesse et obscure, et li pous li debatera plus tost qu’il ne sieut, et sera li pous mous, et si ara dolour ou front devant, et plus ou destre ke ou seniestre ; [...]. Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 1256, p. 33.

Se manifester par un battement régulier, en parlant du pouls.

Emploi pronominal [...] adonc la teste est chaulde et les yeulx et se on taste la face, le cuir et le poulz ilz se debatent et esmeuvent de plus en plus. Anon. [Bernard de Gordon], Pratique Fleur de lys, ca 1470, I, 2.

Être le siège d’un battement régulier, en parlant d’une partie du corps où le pouls est palpable.