verbe
date DÉLIVRER
FEW III, 32b deliberare DESLIVRER DÉLIER Cil qe roigne averad / De seim de urson se enoindrad ; / De roign seit delivrés tost e bien / Ke sovent se enoynt de tele ren. Anon., Novelle Cirurgerie, ca 1250, fol. 52. […] par sa vertu perce les vainnes et delivre la poitrine et purge le poumon. Jofroy de Waterford, Secret des Secrets, Diet., ca 1300, l. 960-1. [l’eau de vie] vaut a celui qui a mauvaise rate et eschaufe la marris et la purge et delivre de grosses humeurs corrumpues. Jean Pitard, Réceptaire, ca 1285, ms. BNF fr. 12323, ca. 1300, fol. 26vb. Recette : lapidem quidam saphirus et cere ipsum subtiliter et mortario ereo et la pouldre tu resolveras en ung vaceau de boirre et d'icelle pouldre tu mectras dedans l'ueil du pacient une fois le jour, et dedans brief de temps, il sera plainement deslivrer et garir de ladicte maladie. ANON. [Bienvenu Raffe], Compendil pour la douleur et maladie des yeux, ms. BNF fr. 1327, XVe s., fol. 56v. Es fievres qui sont souspeconneuzes qu'elle ne viegne apostume es jointures, s'il vient grant multitude d'orine grasse et blanche, elle delivre de telle apostume, comme il advient es fievres laboureuzes. Martin de Saint-Gilles, Amphorismes Ypocras, 1362-1363, p. 79. Pour quoy est ce que cil qui se excercitent et traveillent poeent plus boire et soubstenir de vin ançois qu'il soient yvre, et ausi en sont il plus tost gari et delivré quant il le sont, que cil qui ne se excercitent point ? Evrart de Conty [Aristote], Problemes, ca 1380, III, 15, fol. 90v.

Débarrasser le corps d’éléments potentiellement nuisibles ou qui doivent être évacués, délivrer.

Le même verbe délivrer est utilisé pour désigner le fait d'accoucher d'un enfant viable ou le fait d'intervenir pour faire sortir du corps de la femme un foetus mort (en général via des préparations abortives). Ce second emploi fait donc le lien entre l'acception obstétrique du verbe et son sens médical plus général de "Débarrasser le corps d'éléments potentiellement nuisibles ou qui doivent être évacués", l'enfant à naître étant devenu une masse inerte, potentielle porteuse de mort pour la mère, et qu'il faut donc expulser. [Isabelle VEDRENNE-FAJOLLES]

 
ACCOUCHER Emploi transitif direct, parfois en emploi absolu. Mais el tans, k’ele est priès de delivrer, si a peril si com devant, et por le peril eskiwer, vous aprenderons comment cascune femme ençainte se doit garder […]. Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 1256, p. 71. Et se c’est cose ke li enfes soit mors, si se convient haster de le femme delivrer por ce k’il i a trop grant peril. Si li dounés à boire de l’ewe de fins grec où dates seront cuites, et si li dounés .III. fois, ou .IIII. fois, ou plus se mestiers est, ou jus de rue, .II. drames en vin tieve, ou jus de savinne, ou boire caniele et warance en vin. Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 1256, p. 73.

Libérer le corps de la femme de l’enfant à naître, accoucher.

Emploi pronominal. Et s'il a .ii. pertuis en la plaie laisse le plus bas longuement ouvert et gise li malades sus la plaie, si se deliverra la boe plus legierement. Anon. [Roger de Salerne], Chirurgie 1, ca 1250, fol. 15rb.

S’évacuer, en parlant d'une substance dans le corps.

 

Par substantivation du verbe delivrer. [I. Vedrenne-Fajolles]

DÉLIVRANCE […] se c’est cose ke li delivrers soit fors et perilleus, si com de l’enfant qui ne vient mie drotement si com il doit, les piès avant ou les bras, car vous devés savoir qu’il doit venir le teste avant naturelment, les bras estendus sour les cuisses, et s’il vient ensi que nous vous avons dit avant, si n’i a d’autre consel fors ke d’avoir sage baile qui le mete à point por issir si com il doit. Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 1256, p. 73.

Action de libérer le corps de la femme de l’enfant à naître, accouchement.

 
délivré

Part. passé en emploi adjectival.

 
Bien savons que cheus qui diete gardent mesurable et vivent atempreement sunt plus sain de cors, de milhor entendement, plus vigherous et plus delivrés et plus fors et adurez a soffrir travaz et anuis, et si sunt de plus longhe vie. Jofroy de Waterford, Secret des Secrets, Diet., ca 1300, l. 208-12. … car l’ongnement conforte le cors et le fait ligier et delivré. Jofroy de Waterford, Secret des Secrets, Diet., ca 1300, l. 271.

Être débarrassé d’éléments potentiellement nuisibles ou qui doivent être évacués, en parlant notamment du corps.