nom masc.
date FOIE
FEW III, 490b ficatum FEIE FOYE FIE FOE FIEGE Variante de "foie", relevée dans l'édition Carmody du Tresor de Brunet Latin (I, 156, l. 3, p.144) Le foieest entre tous les menbres de plus grosse substance et plus fort a defire, nonporquant bon sanc engendre et plus nourist que char maigre qui nulle craise n'a. Le foiede bestes laitans plus vaut que de nulle autre beste, mais le foiede geline est milhours que le foiedes laitans, maiement se la geline soit nourie de farine de froment tempree en lait et de fighes secches. Jofroy de Waterford, Secret des Secrets, Diet., ca 1300, l. 1457 ; 1459 ; 1460

Membre* des animaux qui, consommé, présente certaines qualités nutritives. 

 

 

Dans la médecine médiévale, le foie est l’organe qui procède à la deuxième digestion : à proximité immédiate de l’estomac, il reçoit de lui le résultat de la première digestion des aliments. Ainsi, le sang dit nutritif, créé dans le foie lors de la deuxième digestion, est ensuite distribué à tous les autres membres* du corps par un réseau de diverses veines partant du foie. Dans les textes d’anatomie, le nombre exact de veines partant du foie est sujet à débats. Ainsi, la veine dite veine artère naît du foie selon certains auteurs : selon d’autres, comme Henri de Mondeville qui cite Aristote sur le sujet, elle part du cœur.

Dans l’Isagoge de Johannitius, qui reprend les principes de la médecine galénique, le foie fait partie des organes qui sont les sources des trois esprits* (spiritus) du corps : l’esprit naturel vient du foie, l’esprit vital est produit par le cœur, l’esprit animal par le cerveau. Le premier esprit est diffusé dans le corps par les veines, le deuxième par les artères, le troisième par les nerfs.

Foie, cœur et cerveau forment un ensemble tripartite des membres dits principaux dans certains textes d’anatomie, comme dans la Chirurgie d’Henri de Mondeville. Pour d’autres auteurs, comme Johannitius, cette catégorie est quadripartite : au foie, au cerveau et au cœur viennent s’ajouter les testicules. [L.Viénot]

Quant il a apostume au foie, et tu vues savoir s’il est en la char dou foie ou en la toile : s’il est en la char, se sent li malaides dolor ne mie trop fort ; et s’il est en la toile, si sent dolor forsenee. Anon. [Albucasis], Cyrurgie, ca 1250, fol. 8rb. Le foie est membre principal, official, compost, de sa premiere creation spermatique, complet par quantité de sanc, insensible par soi, sensible par accident. En lui est parfaite la ·2· digestion. Anon. [Henri de Mondeville], Chirurgie, 1314, chap. 376, p. 103. ...les dites arteres et vaines entrent en la substance du cervel et li portent du cuer la vie et l’esperit, et du foie le norrissement Anon. [Henri de Mondeville], Chirurgie, 1314, chap. 185, p. 54. A la foiz avient que li foies ist parmi la plaie qui est petite et estroite et si ne l’oson elargir que nous ne bleçons le foie. Anon. [Roger de Salerne], Chirurgie 1, Sloane 1977, XIIIe s., fol. 37rb-38ra. Et pource, dit il, que tels boires en petite quantite et repetes souvent perche la char comme les pores de l’estomac et les vaines meseraÿques dusques au foie. Evrart de Conty [Aristote], Problemes, ca 1380, I, 56, fol. 53v. Pource devons nous ausi considerer, selonc la sentence de Avicenne en pluseurs lieus, que le orine est superfluités de la seconde digestion qui se fait u foie et es vaines, comme la grosse egestion est superfluités de la premiere, qui se fait en l'estomac; […]. Evrart de Conty [Aristote], Problemes, ca 1380, II, 4, fol. 61r. Si vous couvient savoir ke toutes coses ki norissent le cors de l'home si quisent premierement en l'estomac, et cest quisement apiele fisike premiere digestion ; apriès, ou fie, et ceste apiele seconde digestion ; apriès si quisent es vainnes ki vont par mi le cors, et çou est apielé tierce digestion. Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 1256, 28. De eue de neif fet a garder / De beivre a ces, devez saver, / Ke les nerfs e digestiun fieble unt / E asquels l'estomac e feie freiz sunt, / E asquels sunt les esperiz / Come pres degastez trop sutiz. Pierre d’Abernum, Secret des Secrets, ca 1270, v. 2150-2155. Uncore si li feies li dout a aucun e si el col e en la lange ait teus bubettes iustes aperent de blanche colour e si grant manive court el destre pous des destre pie e si il estalet tart : ou si il pisset sanc el .5. (?) iour morrat. Anon. [Pseudo-Hippocrate], Capsula eburnea, 1ère moitié du XIVe s., fol. 170v. Uncore cil que ad mal el feie unt ceste signe si vis buletes nesent sur le umbil a destre e a senestre e une blanche e li autres aukes bleue : e la tierce vermail : el iour meismes morrat. Anon. [Pseudo-Hippocrate], Capsula eburnea, 1ère moitié du XIVe s., fol. 170v. En aucun corps ytterite, se le foye devient dur, c'est mauvaiz signe. Martin de Saint-Gilles, Amphorismes Ypocras, 1362-1363, 94. Le foye est organne de la seconde digestion engendrant le sang, assis ou dextre costé soubz les costes faulces. Nicolas Panis [Guy de Chauliac], Chirurgie, ca 1450, tr. I, doct. 2, chap. 6. ...et en la partie senestre est colloquee la ratelle qui est lyee avec le foye. Nicole Prevost [Guillaume de Salicet], Cirurgie, 4e quart du XVe s., IV, 4. Les menbres de la par destre sunt milhor que a senestre por ce qu'il sunt plus pres du foe qu'est fondemens de chalor naturel. Jofroy de Waterford, Secret des Secrets, Diet., ca 1300, l. 1390 Les menbres principaus sunt quatre, c'est a savoir le cuer et la cervelle, le foie et les menbres genitaus. Jofroy de Waterford, Secret des Secrets, Diet., ca 1300, l. 496

Un des quatre membres∗ principaux, situé dans la partie supérieure de l'abdomen où s'effectue la seconde digestion, foie.

Colomp sont de mainz colors et sont oisel domesches, et qui conversent entor les homes ; et si n’ont point d’amer, c’est dou venin que les autres animanus ont aprés le foie. Brunetto Latini, Tresor, 1268, I, 156.

Membre* qui produit de l'amer* dans le corps des animaux.