nom masc.
date FUMAGE
FEW III, 545b: fimus FUMATION

Le DMF et le dictionnaire de F. Godefroy fournissent plus d'occurrences de fumage qui paraît donc être un peu plus fréquent que le synonyme fumation, terme pour lequel ces dictionnaires répertorient moins de citations. [F. Vigneron]

Devez toutesvoies savoir que de un chair de paille l’en peut fere .vi. chars de fiens, et aprés que un fumage de bon fiens de bestes souffist bien pour .vi. ans. Anon. [Pietro de' Crescenzi], Livre des prouffitz champestres et ruraulx, 10227, 1373, livre II, chap. 13, fol. 37r.

Action d'ajouter du fumier à une terre en vue d'obtenir une meilleure croissance des plantes cultivées.

Cette acception est attestée en 1256 d'après une citation du dictionnaire de F. Godefroy, tandis que l'autre sens de fumage ("action d'ajouter du fumier à une terre") n'est attesté qu'en 1356, toujours d'après une citation du dictionnaire de F. Godefroy, informations également reprises par le TLFi, s. v. fumage2. Le TLFi précise en outre que le suffixe -age s'ajoute à la base nominale de fumier pour l'acception "fumier", tandis qu'il s'ajoute à la base verbale de fumer pour l'acception "action d'ajouter du fumier à une terre". Dans la citation que nous proposons, on pourrait hésiter entre ces deux sens pour fumage, mais nous considérons qu'il s'agit de l'acception "fumier", du fait du texte latin que le traducteur anonyme rend en moyen français, le latin employant en effet le nom laetamen "fumier", si l'on se fie au texte latin édité, qui n'est pas forcément exactement le texte que le traducteur médiéval avait sous les yeux (Petrus de Crescentiis (Pier de' Crescenzi), Ruralia commoda, éd. W. Richter et R. Richeter-Bergmeier, Heidelberg, C. Winter, 1995-2002, 4 vol., vol. 1, § 14, phrase p. 92, l. 35 à p.9, l. 1). [F. Vigneron]

FIENS Et n’y a chose sy aidant a la mutacion des natures des plantes comme la mutacion des terres et l’aide du fumage. Anon. [Pietro de' Crescenzi], Livre des prouffitz champestres et ruraulx, 10227, 1373, livre II, chap. 13, fol. 35v.

Fiente des animaux mélangée à leur litière, qu'on laisse pourrir pour donner une matière qu'on ajoute à la terre et qui permet d'obtenir une meilleure croissance des plantes cultivées.

C'est par extension et parce que l'effet est le même (l'engraissement des terres) qu'on passe du sens de "fumier" qui implique forcément des excréments d'animaux à cette acception qui permet d'employer le nom fumage, même dans le cas de décompositions uniquement végétales. [F. Vigneron]

Et devez savoir que, sans fiente de beste, l’en peut faire bon fumage par aultre maniere, car en yver l’en prent feurre ou aultres pailles et les gette l’en en voies boueuzes ou moistes ou cours concaves, par ou souvent passe charroy, ou en fossez. Et quant ilz auront la esté par xv. jours ou environ et auront esté deffoulez bien fort et souventeffois admoistis des pluies, on les assemble en un moncel large et cave, affin qu’il puissent recevoir la pluie, et aprés aucuns jours on les emporte et les met l’en en aucun lieu ; et quant ilz auront la esté par tout esté, on les porte et les espend l’en parmi les champs. Anon. [Pietro de' Crescenzi], Livre des prouffitz champestres et ruraulx, 10227, 1373, livre II, chap. 13, fol. 37r.

Ensemble de plantes, sans fiente d'animaux, qu'on laisse pourrir pour donner une matière qu'on ajoute à la terre et qui permet d'obtenir une meilleure croissance des plantes cultivées.