Oiseau très chaud*, avec un long cou et deux pattes semblables à celles d’un quadrupède, qui oublie de couver ses œufs et digère le fer.
syn AUTRUCHE
Note encyclopédique Les auteurs des premiers bestiaires emploient le nom hébreu assida, un emprunt savant issu à la fois de la tradition du Physiologus et du Livre de Jeremie. Par la suite, à partir du Bestiaire divin, cet emprunt est évincé par la forme « ostruce », attestée en français dès 1130 et issue du croisement entre le latin avis et le grec strouthos. Lorsqu’il introduit ce terme dans la tradition scientifique, Guillaume le Clerc de Normandie prend encore soin de convoquer l’autorité des langues savantes, en ajoutant les dénominations en hébreu et en grec : « De l’ostruce ne lairrai mie/ Que la nature ne vos die./ Ce est un oisel mervellose ;/ Mes par nature est obliose./ Assida l’apelent ybreu,/ Et camelon a non en greu. » Si l’on retrouve encore assida dans la version longue du Bestiaire attribué à Pierre de Beauvais, c’est que ce texte reprend les notices de la version courte parmi lesquelles figurait l’animal sous son nom hébreu. Mais la version étoffée et modernisée, datée du milieu du XIIIe siècle, ajoute par ailleurs une notice distincte sur « l’ostrische », répertoriée cette fois sous son nom français. Certaines propriétés communes sont décrites par les deux articles (le long cou de cygne, les pattes fendues comme une vache ou un cerf ; l’autruche ne couve pas ses œufs, réchauffés par une étoile ou par le soleil), mais aucun rapprochement explicite n’est établi par l’auteur de la version longue entre les deux animaux : d’un côté, assida de la tradition, conforme à la première génération des bestiaires français (les œuvres rédigées entre le début du XIIe siècle et le début du XIIIe, de Philippe de Thaün à Gervaise), de l’autre « l’ostrische », plus proche de l’animal décrit par Richard de Fournival. [C. Rochelois]